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L’enseignement : la non intervention (wu wei)
L’enseignant ne corrige pas les Pratiquants directement physiquement. C’est par la répétition des exercices que le Pratiquant va adapter la posture à son propre corps, tout en étant en symbiose avec le groupe et avec l’Enseignant. Cela est bon pour le développement d’observation : le fait de ne pas être corrigé rend indépendant et on devient plus attentif. En Chine on
dit: "regarde et fais".

L’enseignement : l’intervention (you wei)
Dans ce cas l’Enseignant corrige, qui une main, qui un pied, un port de tête etc. les Occidentaux apprécient cet enseignement mais cela les rend dépendants de l’Enseignant. Dès qu ’il ne montre plus, ne corrige plus, tout le groupe est perdu et souvent s’arrête de travailler, car "on ne se souvient plus de la suite".
L’Enseignant idéal doit fonctionner entre les deux aspects, mais surtout  connaître le niveau de chacun de ses Pratiquants, de façon à ne brusquer ni forcer personne. Chacun de nous à son propre rythme de
pratique et l’Enseignant le sait. Il doit connaître chacun, et c’est à lui de s’adapter et non pas le contraire.

La parole : "Heureux celui qui a oublié les mots"
Dans la pratique les mots comptent, mais aussi la voix. Ils servent à fixer l’attention des Pratiquants sur des points particuliers de leur pratique. Unis à la technique, ils enrichissent l’enchaînement et la fluidité.

L’évolution des Pratiquants :

L’apprentissage est difficile, nous sommes souvent en situation délicate face à un mouvement ou un
enchaînement. Mais nous progressons à chaque fois. L’Enseignant aussi. C’est grâce à ce double  échange, progrès du Pratiquant, progrès de l’Enseignant, que l’alchimie existe. Chacun s’examine dans sa pratique, "comment puis-je expliquer clairement ce mouvement" se dit l’Enseignant, et le Pratiquant aussi se dit : "peut être devrais-je aller moins vite, mieux regarder etc".
C’est un enrichissement mutuel entre les deux personnes et c’est ce qui me fascine toujours dans les
cours. Il n’y en a pas un plus important que l’autre, c’est simplement un échange d’énergie. Chacun prend le temps d’écouter l’autre, et c’est très rare dans nos sociétés ou tout doit être compris, assimilé, digéré, en un temps record. Vive la lenteur, disent les vieux textes Taoïstes, car c’est dans la lenteur, que réside la vitesse.
Pour apprendre il faut se donner du temps, prendre du recul par rapport aux difficultés, mais aussi par rapport à la réussite, qui précède l’apparition de nouvelles difficultés. L’autonomie s’acquiert quand le Pratiquant, prenant conscience de ses difficultés, sait recevoir les informations qui vont être utiles à sa progression. Ceci démontre que l’Enseignant à bien fait son travail.
L’étude avec le professeur s’achève, la pratique qui commence a pour seul modèle celle d’un pratiquant
face à lui-même.



Bernard Geay
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